mercredi 15 novembre 2017

Les malagasy et la beauté – 2

novembre 15, 2017 0 Comments


Diversifier la définition de la beauté

Nous avons pu voir précédemment un petit tour d’horizon de l’impact des standards de beauté occidentaux dans la société malgache. Nous sommes de plus en plus nombreux (ses) à vouloir entrer dans le moule du corps parfait tant vanté par les médias. Le résultat ? Beaucoup de femmes se sentent mal dans leur peau tandis que d’autres vont jusqu’à se montrer critiques, voires méprisants envers celles qui ne se plient pas ou qui ne correspondent pas à ces standards (Comme certaines attaques contre les filles aux cheveux crépus au sein de groupes de discussion que j’ai remarqué sur Facebook et que j’ai d’ailleurs évoqué ici).

S’affranchir des normes imposées


La beauté ne peut tenir dans un seul carcan et la beauté malagasy n’y fait pas abstraction. Nos différentes ethnies ont chacunes leurs spécificités physiques, qui ne ressemblent à aucune autre. Ce serait dommage vouloir uniformiser cela afin de la faire correspondre à un modèle impossible à atteindre. D’autant plus que le culte de l’apprence physique peut avoir des conséquences catastrophiques. 

 Quid des concours de beauté?  



Les concours de beauté sont des compétitions, mais ils sont aussi des événements sociaux où les participants auront suffisamment de temps pour parler entre eux, partager leur intérêt commun et aiguiser leur esprit de compétition. Ceci dit, l’on peut se poser la question sur leur impact à grande échelle, puisque le public a tôt fait de se dire que s’il ne ressemble pas aux gagnants(es), il n’est pas assez bien physiquement. La solution serait peut être de prendre en compte des critères plus réalistes et qui correspondent mieux aux caractéristiques de la population malgache pour nos concours de beauté et se baser aussi un peu mieux sur l’intellect. 

mardi 14 novembre 2017

Les malagasy et la beauté

novembre 14, 2017 0 Comments


Quand les canons de beauté occidentaux nous font oublier qui nous sommes


La beauté est une affaire de goûts personnels, mais il est indéniable qu’actuellement, il est impossible de ne pas se laisser influencer par les canons de beauté internationaux. Longues jambes, seins et fessiers rebondis, mais pas trop, visage clair aux traits parfaitement symétriques, le tout courroné de longs cheveux lisses. À Madagascar, nous sommes très loin d’y réchapper. Les canons de beauté en vigueur à l’étranger nous atteignent et altèrent notre vision de la beauté. 
Les cheveux crépus ou "Ngita volo", une caractéristique physique qui déplaît encore à Madagascar


Vu sur Facebook : un blog publie une photo d’une « Miss » représentant Madagascar dans un concours international: une jeune fille à la peau noire, ni mince ni grosse, taille moyenne et joli minois: c’est une beauté malgache à 200%. 
Pourtant, les commentaires négatifs sur son physique pleuvent : « Tiens, il n’y a plus de critères de taille pour être Miss maintenant ? » / « Elle à l’air d’une boniche alors que toutes les autres candidates sont belles. Ils n’ont vraiment rien trouvé de mieux pour représenter Madagascar ?» / « Ça ? Une Miss ? Mais elle est grosse ! » / « Elle est grosse, elle est petite, et elle n’est pas belle. Ce n’est pas une Miss ». 

Être malagasy c'est bien ressembler à un vazaha, c'est mieux!

D’abord, je vais passer outre sur la grossièreté et la méchanceté de ces commentaires, car je vais finir par devenir très vulgaire. Penchons-nous seulement sur le fait que la plupart critiquent son apparence physique. Quoi de plus normal direz-vous, c’est un concours de Miss. Et cette jeune femme représente Madagascar, où la taille moyenne des femmes tourne autour des 1m55 (selon l’enquête démographique et de Santé de l’INSTAT). Mais comme on se base sur les canons de beauté occidentaux, on la trouve petite alors que selons nos critères à nous, elle est de taille moyenne, voire même plus grande. 


Pour le tour de taille, c’est pareil. Les femmes malagasy sont généralement de corpulence moyenne, avec plus ou moins de formes. Beaucoup considèrent qu’une miss ne devrait pas avoir de formes, mais plutôt répondre au critère de longues jambes, mince (plus les clavicules sont saillantes et mieux c'est) et sans trop de courbes (que l’on a tôt fait de confondre avec de la graisse).

Et pour ce qui est des cheveux, quoiqu’on en dise, avoir des cheveux crépus est très mal vu par les malagasy, le mot « ngita » (crépu) étant encore très péjoratif et assimilé au fait d’avoir des cheveux laids « ratsy volo », « mahery volo ». En effet, avoir des cheveux lisses est un critère de beauté répandu, rien qu’à voir le succès des produits lissants sur le marché. Tous les malagasy n’ont pas les cheveux crépus, mais ceux qui sont concernés ont vite fait de les lisser, obéissant à une pression de la société, même si cette dernière est indirecte. Les tresses, coiffure traditionnelle de toute beauté, sont encore adoptées certes, mais beaucoup ne les jugent « pas assez jolies» voire même négligées. Petit test, allez à une cérémonie un tant soit peu officielle, vous pourrez compter les femmes malagasy ayant les cheveux tressés sur les doigts. Si les tresses sont revenues en force ces dernières années, ce n’est pas par amour des traditions ou autre cause plus noble. Non, la mode internationale était aux tresses, et nous avons suivi le pas. Point. En sortant d’une coiffure, une malagasy aux cheveux crépus peut s’attendre à toute une panoplie de soins pour lisser, « dompter », ou même camoufler son type de cheveu, mais, à ma connaissance, aucun salon de coiffure ne propose de vous aider à donner toute sa splendeur à votre cheveu afro. 

Enfin, la couleur de peau. Actuellement, la dépigmentation est encore largement pratiquée, avec des méthodes parfois dangereuses pour la santé. Les crèmes  éclaircissantes à base de corticoïdes sont vendues sur les marchés pour celles qui ont des revenus moyens tandis que les plus aisées misent sur un maquillage qui éclaircit leur teint de quelques tons et les soins en institut qui peuvent valoir une petite fortune. 

Les canons de beauté occidentaux sont dans toutes les têtes. Les habits traditionnels ne sont plus portés qu’en de rares occasions, les cheveux crépus se défrisent et les modèles de beauté cités par la plupart des jeunes sont les stars hollywoodiennes. 
Je n'ai rien contre le brushing, le maquillage, les perruques et tout l'attirail dont nous usons pour nous sentir mieux dans notre peau. Non, mon problème réside dans la perte d'identité occasionnés par les canons de beauté occidentaux. La beauté malagasy est très diversifiée: nous n'avons pas tous la même taille, le même type de cheveu et la même corpulence et si nous commencons à nous plier à tout prix aux standards de beauté occidentaux, nous arrivons à des réflexions stupides comme celles que nous avons vues précédemment, à propos de la Miss vue sur Facebook. La beauté est subjective, tout le monde n'en a pas la même vision, ainsi, il est vain de vouloir la faire entrer dans un moule aussi étroit et limité. A bon entendeur...