Tout
a commencé avec un post du Ministère de l’éducation, peut-être bourré de bonnes
intentions, mais extrêmement maladroit.
Traduction : « Des
vêtements sobres et pudiques de la part des filles aident les garçons à
refréner leurs pulsions. Il appartient aux parents d’éduquer et d’apprendre aux
jeunes filles à s’habiller décemment. »
Quel est le problème ?
Ce que beaucoup semblent occulter, c'est que le problème n'est pas seulement une histoire de quelques centimètres de plus ou de moins sur une jupe. Le problème est que cette
publication véhicule un préjugé encore très répandu sur le harcèlement et le
viol, celui consistant à penser que les articles vestimentaires de la victime
sont une cause de l’acte en question. Un discours culpabilisant les femmes en
leur disant que si une personne s’est permis un geste déplacé à leur encontre,
c’est à cause de leur manière de s’habiller. Pourtant, de nombreuses études
(dont celle-ci et celle-là,
sans parler de cette expo)
ont été faites à ce sujet et montrent clairement qu’il n’y a absolument aucun
lien entre les vêtements et l’acte du viol.
« Bien que cette croyance soit largement
répandue, en aucun cas une victime n’est responsable de l’agression. Peu
importe son habillement, sa consommation de drogue ou d’alcool, son
comportement, son attitude ou le lieu où elle se trouve, une personne a toujours
le droit de ne pas consentir à une activité sexuelle. C’est uniquement la
personne qui ne respecte pas ce non-consentement qui est coupable et
responsable, soit l’agresseur » - CPIVAS
Ainsi,
l’auteur de la publication aurait mieux fait se renseigner avant de taper
joyeusement sur son clavier pour prodiguer sa « sagesse » aux filles
et femmes malgaches en leur conseillant de ne pas tenter ces pauvres messieurs
qui sont guidés par leurs pulsions, pauvres d’eux…
Des réactions…Partagées
Bien
entendu, les réactions ne se sont pas fait attendre sur Facebook et ce, malgré
la promptitude du ministère à supprimer le post ainsi, que le communiqué de
presse qui été publié en guise d’excuses.
Féministe que je suis, mon fil d’actualité a surtout été dominé par les réactions
outrées (semblables aux miennes) provenant d’hommes et de femmes qui se sont
insurgés qu’en 2019, on se permette encore de penser ainsi. Mais comme j’étais
tout à fait consciente que cela était vraiment trop beau, j’ai décidé de faire
des recherches plus poussées et….
BOOM….
Elles
étaient là…Les réactions du type :
« Porter
des vêtements vulgaires, c’est contraire au soatoavina malagasy, il était temps
qu’on ose élever la voix ! »
« Si
tu ne veux te faire embêter ne provoque pas les hommes, si tu portes une
mini-jupe attends toi à ce qu’on te mette la main au cul, c’est comme çà »
Et
la meilleure de toutes :
« Alors comme ça, les femmes
malgaches militent pour s’habiller comme des putes ? Bienvenue en 2019 ! »
Seriously ?
A
la base, je ne voulais pas écrire un article sur ce sujet, puisque les débats
avaient été assez houleux comme cela et le tour des arguments semblaient
avoir été fait. Mais comme la polémique poursuit son bonhomme de chemin, j’ai
décidé d’ouvrir ma grande gueule et puis c’est mon blog, j’fais c’que j’veux.
Il
est affligeant de voir que certaines personnes se contentent toujours de tout
voir au premier degré. Donc, quand les femmes disent qu’elles droit de s’habiller
comme elles le veulent, cela veut dire de facto qu’elles vont se balader à
moitié nues dans la rue ?
C’est
le genre de raisonnement simpliste qui fait que nous avons encore un très
looong chemin à faire avant que le pays ne connaisse un réel développement.
Alors mettons les points sur les i :
NON… nous ne voulons pas nous battre pour la « nudité »
NON… notre but suprême n’est PAS de porter
une mini-jupe (pitié, regardez plus loin que le bout de votre nez si pudique !)
Nous
voulons avoir le droit de porter ce que l’on veut sans que les hommes pensent
avoir le droit de nous toucher, de nous faire des remarques salaces, de
profiter de corps qu’ils pensent qu’on leur « offre ».
Nous
nous habillons premièrement pour nous-mêmes, nous sommes dotés d’un cerveau :
nous savons quoi porter et pour quelles circonstances, merci. Oui,
rassurez-vous, nous savons que nous avons des pères, des cousins, des frères,
et je ne sais quoi d’autre… Tout cela ne nous empêche pas d’avoir des goûts
personnels en matière d’habillement.
#Majupe_Mondroit,
c’est surtout un combat pour permettre à tous de comprendre que le seule
coupable du viol, c’est le violeur.
Filles
ou garçons, chacun doit être éduqué dans le respect de l’autre (que cet autre
soit habillé en mini-short ou en jupe maxi).
Pour
ce que j’en dis, apprenez à vos filles à agir librement et avec sagesse… Apprenez
à vos garçons que tout le monde à droit au respect, quelque soit son style
vestimentaire.
PELA
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