vendredi 4 août 2017

# CHRONIQUES # CULTURES

Qu’apprend-t-on à nos enfants ?

INEGALITES DES GENRES A L'ECOLE


Ça fleure bon les vacances… Les écoliers en tabliers colorés ont déserté les rues, et il en est de même pour leurs aînés du lycée et du collège. Heureusement, j’ai quitté les bancs de l’école depuis très longtemps, ce qui ne m’empêche pas de me sentir nostalgique de ces veilles années d’insouciance. Ah, ces moments délirants à jouer à cache-cache avec les autres à la récré, les grands goûters, les excursions, les classes vertes … Mais aussi, les idées stéréotypées qu’on nous a collées sur les garçons et les filles. Et oui, je vois la petite bête partout hein, oui m’dame, je l’ai dit dans ma présentation : les inégalités des genres est mon sujet de prédilection… et je m’y tiens !
On ne dirait pas comme ça, mais il me revient maintenant qu’une foule de choses apparemment anodines alors, que l’on nous poussait à faire ou à penser ne faisaient que refléter l’inégalité qu’on retrouve toujours entre les deux sexes. Premier exemple : le ménage. Oui, quelque chose de très trivial, mais voyez plutôt : comme de coutume, les tours de ménages étaient répartis dans des groupes mixtes et la plupart du temps, les garçons se permettaient d’ « oublier » de le faire. Un comportement qui, s’il était puni dans les petites classes, n’attirait plus tellement les foudres des profs à mesure que la classe était élevée. Ainsi,  au lycée, je me souviens bien des garçons s’esquivant malicieusement quand la sonnerie marquait la fin des cours, laissant le ménage aux bons soins de nous autres, les filles. Bien entendu, nous râlions un peu pour la forme mais ça n’allait jamais très loin. Quand aux profs, lorsqu’ils l’apprenaient, la réaction était souvent un petit haussement d’épaules désabusé, l’air de dire « Ah, ces garçons ! ».
Je me souviens également de la tendance quasi-automatique des profs à plus solliciter les filles pour les matières littéraires et les garçons pour les maths et autres. Ce genre de comportement est pourtant préjudiciable pour les gosses qui mettent à l’œuvre ce que l’on appelle des prophéties auto réalisatrices (Marry, 2003, Chaponnière, 2006). Les travaux manuels et autres activités parascolaires étaient également répartis de sorte à ce que les filles s’occupent de ce qui est jugé « féminin » : décoration, coloriage, tressage… Et aux garçons les tâches qui nécessitent de la force. Je me souviens particulièrement d’un cours de cuisine où les filles s’occupaient surtout de la préparation tandis que les garçons n’étaient appelés à participer que pour porter les ustensiles lorsque ceux-ci étaient lourds. Et encore, j’ai eu la chance de fréquenter une école où les méthodes d’enseignements étaient plutôt mixtes dans leur ensemble. Mais dans certains établissements, j’ai constaté quelques éléments du règlement qui m’ont fait tiquer : le tablier était réservé…Aux filles seulement. J’avoue ne pas comprendre : les filles ont-elles  un corps si « tentant » que ça pour qu’il faille le cacher et pas celui des garçons ? Est-ce que les filles risquent plus d’être distraites par les vêtements à la mode si elles ne portaient pas de tablier ? Ne prend-t-on pas le risque d’inculquer aux garçons que si une fille ne se « couvre pas », c’est qu’elle « désire » se faire remarquer et est donc ouverte aux comportements irrespectueux ?
Je ne dis pas que les enseignants et les adultes autour de nous pensaient à mal, non je parle juste ici de sexisme inconscient qui est tellement présent autour de nous que ça paraît normal. Même les parents s’y mettaient, réprimandant les filles quand elles revenaient de l’école avec des vêtements tâchés et tout parce qu’elles se seraient livrées à des « jeux de garçons ». Ces derniers aux contraire, ne sont pas rabroués pour çà car les petits garçons, ça se salit, c’est normal hein. Et si un garçon aime traîner avec les filles, et participer à leur jeux, malheur à lui, il se verra étiqueter de « sarim-bavy »* ou encore « vavivavy toetra »**, ce qui est assez mal vu. Alors qu’une fille jugée un peu « brutale » ou « garçon manqué » ne sera pas vue avec autant de mauvais œil (mais nous en reparlerons une autre fois). Avoir un comportement de garçon ok, ça passe, mais de fille ?!!! Vade retro ! (Mais je m’égare).
Des exemples comme ceux-ci, j’en ai encore à foison : les représentations de la femme dans les livres de lecture étaient toujours les mêmes : celle de la maman, qui cuisine, s’occupe du ménage et des enfants. Le papa : il va au bureau ou aux champs, fait bouillir la marmite et protège son foyer. Bref, une image sans cesse collée aux yeux des enfants qui vont les pousser à croire que les femmes sont réservées à une sphère plutôt passive et intérieure (sa maison) du quotidien tandis que les hommes sont plus dans l’action. De quoi leur donner une image stéréotypée d’eux-mêmes et de conditionner déjà leurs relations avec l’autre sexe.

Pour aller plus loin

Si vous désirez aller encore plus loin dans la recherche d’informations sur l’inégalité des genres dans le milieu scolaire à Madagascar, le lien ci-dessous (en fin d’article) pointe vers une étude nommée « Genre et scolarisation à Madagascar » par Bénédicte Gastineau et Noro Ravaozanany. Je m’en suis servie de source pour écrire ce billet et elle recèle une véritable mine d’informations qui aide à mieux appréhender le problème. Je vous laisse avec quelques extraits :
« La propension à reproduire des rôles stéréotypés dans le partage des tâches et des activités à l’école est frappante : les filles sont chargées du balayage et nettoyage des salles de classes et les garçons sont sollicités dès qu’il s’agit de déplacer les tables, ou de transporter des choses lourdes. Ces derniers sont aussi plus souvent désignés comme chef de classe car on les considère comme ayant une capacité « naturelle » à diriger, reflet de leur futur rôle social de chef de famille et d’autorité dans la communauté »
« Néanmoins, quelle que soit l’école, les enseignant-e-s sont presque unanimes pour affirmer que les filles qui poursuivraient leurs études doivent se diriger vers des carrières dites féminines, considérées comme moins difficiles et moins utiles qui sont donc moins valorisées socialement et financièrement que celles vers lesquelles on pousse les garçons. »
Lien vers l’enquête : Genre et scolarisation àMadagascar
Pela 

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